Protocole du Sauvetage au Combat

Protocole du Sauvetage au Combat

29 novembre 2013 2 Par Sly

PREAMBULE :
Ce document est le résultat du travail d’un groupe de réflexion composé de deux opérateurs de la Delta Corp (San-k et Sly) sur l’organisation et la pédagogie de l’enseignement du sauvetage au combat.
Pour cet enseignement des techniques du sauvetage au combat, nous avons retenu les principes proches du document de doctrine de l’armée américaine le « Tactical combat casualty care », ainsi que les principes d’enseignement du sauvetage au combat du service de santé des armées (Armée Française).

DESCRIPTION :
De par le réalisme et les simulations imposées dans nos opérations milsim extérieures, la survie de chaque opérateur est un critère important, quand à la réussite de la mission et à la poursuite des actions engagées contre l’ennemi. Nos règles d’engagement permettent l’utilisation de spécialistes comme l’infirmier et le médic afin de porter assistance aux blessés sur le terrain. De part notre souci de coller le plus à la réalité, des soins de 1er et de 2ème niveau ont été établit et permettent de répondre aux différents cas de figure de prise en charge d’un opérateur victime d’impact de billes, ou d’attaque au couteau factice. Avant même de procéder aux techniques de secours il convient de prendre en compte l’environnement afin de faire courir le minimum de risque aux opérateurs. Il est impensable de préconiser une technique qui fasse courir aux blessés et aux personnels qui la pratique un risque de blessure supplémentaire ou de décès (simulation).
C’est dans ce contexte, que nous avons eut pour vocation de définir précisément les actions à entreprendre non seulement en fonction des blessures mais surtout en fonction des impératifs tactiques. Ainsi la méthode pédagogique retenue pour dérouler la procédure chronologique est l’utilisation de l’acronyme mnémotechnique SAFECPGPPPP. Cette méthode aide à la réalisation systématique et hiérarchisée d’actions élémentaires de la prise en charge des blessés. Ce moyen de mémorisation est adapté à l’enseignement des 2 niveaux de soins.

S.A.F.E

S : Stop the burning process : Supprimer le feu ennemi en répliquant avec son lanceur.
A : Assess the scene : Appréhender la scène dans sa globalité y compris tactique.
F : Free of danger for you : Fuir la zone sous le feu pour mettre le blessé à l’abri.
E : Evaluate airway , bleeding , cognition : Evaluer la gravité des blessures.

S : Supprimer le feu ennemi en répliquant avec son lanceur.
La problématique est “de Supprimer la menace », c’est-à-dire essayer d’éliminer le processus agressif qui est à la source des blessures. Cela peut être une action offensive de l’ennemi, des mines, ou tout autre problème à l’origine des pertes. Les actions à mener pourront être de répliquer éventuellement avec son lanceur, de faire répliquer les blessés les moins graves ou leur demander de rester allongé, immobile, pour ne plus attirer le feu de l’ennemi sur eux, de faire intervenir les démineurs. Parfois cela consistera à tenter une extraction en urgence, notamment en cas d’impossibilité d’éliminer la menace.

A : Appréhender la scène dans sa globalité y compris tactique.
La problématique est de réaliser une évaluation globale de la situation, et une analyse du contexte en se posant les questions suivantes (liste non exhaustive et fonction des circonstances):
– Combien de blessés, sont-ils tous la ?
– Quels sont nos moyens ?
– Quelles sont les possibilités d’évacuation ?
– Ou en est la mission ?
– Faut-il se déplacer rapidement ?
Ce qu’il faut faire c’est ne pas se précipiter sur le premier blessé venu. C’est essayer de prendre le contrôle de la situation en répartissant les personnels en fonction des priorités. En quelques mots, il faut diriger l’équipe, donner des ordres… C’est à ce moment qu’il est important de ne pas se couper des opérateurs et de garder le contact avec le chef de groupe ou d’escouade impliqué (c’est lui qui passera ou fera passer le message d’évacuation, avec les éléments fournis par le médic et c’est lui qui est le mieux placé pour donner les informations sur la situation tactique et par ailleurs il aura sûrement besoin des informations sur les blessés pour décider de la suite de la mission).

F : Fuir la zone sous le feu pour mettre le blessé à l’abri.
La problématique est de ne pas s’exposer en toute inconscience. La perte d’un médic peut compromettre la poursuite de la mission. La simulation impose à tout opérateur d’essayer de se préserver par un ensemble d’attitudes raisonnables. C’est aussi lors de cette phase que l’on peut concevoir la mise en œuvre du concept de « soins sous le feu », par la mise en place d’un garrot sur son équipier afin de ne pas exposer d’autres opérateurs et éviter des pertes supplémentaires. Ce protocole doit donc être largement et clairement expliqué à tous les opérateurs pendant la phase de préparation opérationnelle. Cet objectif sera facilité en expliquant bien qu’un médic, par exemple, qui reste vivant, c’est un médic qui pourra s’occuper d’eux s’ils sont le prochain blessé. Il faudra considérer la réussite de cette préparation lorsque ce sont les opérateurs qui empêchent le médic de s’exposer. C’est aussi lors de cette phase, juste avant d’agir, qu’il faut se poser la question de se protéger de tirs directs ou de mettre en place un écran de fumigènes par exemple.

E : Evaluer la gravité des blessures.
Il s’agit d’évaluer la gravité des blessures du ou des victimes. Cette évaluation doit être obligatoirement très courte avec réalisation concomitante de gestes simples. La recommandation est alors de ne pas passer plus de 30 secondes par blessé. Il s’agit de faire le point précisément sur les gestes simples à prodiguer pour que le ou les blessés soient rapidement opérationnels ou à contrario nécessitent une évacuation sanitaire appelé également Evasan. Par définition il s’agit du transport du blessé, dite tactique qui doit être rapide, sur une distance relativement courte, jusqu’à une zone sécurisée appelé également PRB (Point de rassemblement des blessés), et en utilisant les moyens de transport disponibles sur place (brancard, sangles, portage à 2 opérateurs, véhicules,…)

C.P.G

C : Compression directe.
P : Pansement compressif.
G : Garrot tactique.

Ces 3 soins permettent de stopper la contrainte de temps de 3 minutes, causé par une blessure et pouvant entrainer l’élimination. Ils ne sont pas représentés sur un plan chronologique mais représentent pour chacun une option que l’on préférera fonction des contraintes du terrain et du matériel de secours transportés. Ils peuvent être effectués par tout opérateur ayant reçu la formation d’infirmier pendant sa formation initiale.

C : Compression directe.
Il s’agit d’effectuer un point de compression en posant sa main à plat directement sur la blessure et ainsi éviter l’hémorragie, vous obligeant alors de ne vous servir de votre lanceur qu’à une seule main ou d’utiliser votre lanceur de poing secondaire.

P : Pansement compressif.
On peut utiliser le vrai prévu à cet effet ou il peut être composé d’une éponge et d’une bande souple, permettant également d’éviter une hémorragie et vous libérant de votre victime une fois posé pour utiliser votre lanceur à 2 mains.

G : Garrot tactique.
Utilisation d’un vrai style « tourniquet » ou constitué d’un brin de tissus ou cravate dont l’utilisation devra rester crédible. L’opérateur prendra soins de simuler la pose en s’assurant que le garrot ne serre pas et comprime le membre de la victime. Cette pose permet également de stopper l’hémorragie et de libérer les mains de l’opérateur pour utiliser son lanceur.

P.P.P.P

P : Piqure de morphine.
P : Poudre hémostatique.
P : Pansement.
P : Perfusion.

Ces gestes de secours nécessitent d’avoir les compétences de médic, et doivent être réalisé chronologiquement présenté comme tel. Ils peuvent être effectués sur un PRB ou directement sur le terrain, si le blessé n’a put être évacué. Cependant la zone devra être sécurisée afin de ne pas exposer le médic, car le nombre de soins dispensés et les techniques utilisées obligent ce dernier à s’exposer longuement en cas de contact avec l’ennemi.

P : Piqure de morphine.
Simuler le geste de faire une injection de 10ml de morphine au niveau de la cuisse ou du bras opposé à la blessure au moyen d’une seringue dépourvu d’aiguille.

P : Poudre hémostatique.
Appliquer un coagulant de type poudre hémostatique (poudre de chitosan ou zéolite remplacer par du talc ou de la farine) pour stopper le saignement sur la blessure, obligeant le médic à retirer le pansement compressif si pose de ce dernier.

P : Pansement.
Mettre en place un pansement et bandage efficace sur la blessure. Le bandage n’est pas un vulgaire bout de tissu mais doit être correctement posé. Si le bandage tombe, il doit être replacé convenablement par un « Médic » avant de continuer la mission.

P : Perfusion.
Simuler la pose d’une ligne de perfusion sans aiguille avec poche de chlorure de sodium, au niveau du poignet ou de l’avant bras de la victime et fixé convenablement par du sparadrap. Cette perfusion devra être mise en place et dispensée pendant 2 minutes.

EQUIPEMENTS DE LA TROUSSE DE SECOURS :

Afin de pouvoir effectuer des soins a plusieurs blessés, il faudra détenir autant de pansements que le nombre d’opérateurs dans son escouade ou groupe de combat.
-Sparadrap (1 rouleau)
-Poche de chlorure de sodium avec cathéters (x2)
– Seringue de morphine (x1)
– Garrot (x1)
– Bandages (x nombre d’opérateurs)
– Poudre hémostatique (talc ou farine, x1)
– Compresses 5×5 (x2 paquets)

CONCLUSION :

Le blessé doit savoir se mettre à l’abri, participer au combat dans la mesure du possible.
L’extraction sous le feu est un acte de combat, visant à soustraire l’opérateur blessé du feu de l’ennemi. Elle peut être réalisée selon 4 modalités possibles, extraction d’opportunité, sur ordre, différée, préparée.
Le garrot tactique est un geste salvateur pour arrêter le plus précocement possible une hémorragie externe, le temps nécessaire pour se mettre à l’abri. Si ‘hémorragie n’est pas accessible au garrot un pansement compressif doit être appliqué, sous couvert d’une compression manuelle directe pendant sa pose. Ces gestes de secours seront réalisés par un autre opérateur (compétence d’infirmier) ou par un médic.
Les soins plus lourds de deuxième niveau nécessitent des conditions optimales au niveau de la sécurité de la zone, afin de ne pas exposer le médic.
Nous en conclurons donc que les soins médic sur le terrain sont difficiles sous le feu ennemi. La théorie est facile à faire, mais lorsque l’adrénaline et le temps jouent contre nous ce n’est plus aussi simple.